& les Chroniques
Express
Front Line Assembly
"Mechanical Soul"

"Mechanical Soul"
DATES | Sorti le 15 janvier 2021 | Publié le dimanche 28 mars 2021
ET ALORS | Deux mois seulement ont séparé son annonce et sa sortie, et l’on comprend l’urgence car qui mieux que Front Line Assembly sait chanter la pandémie, la désolation et la fin du monde ? Mais c'est surtout dans sa conception que "Mechanical Soul" intrigue : Rhys Fulber reconnaît avoir accumulé énormément de matériel solo depuis ses débuts techno en 2017, et admet volontiers avoir pioché dans cette réserve pour donner corps à cet opus, pourtant enregistré à deux. Cela s'entend effectivement sur chaque morceau qui sonne comme ses productions personnelles, avec en sus la marque de fabrique du groupe reconnaissable entre mille : les vocaux de Bill Leeb calés au millimètre. Les morceaux s’enchaînent et percutent comme cet extraordinaire "Unknown" qui présente quelques similitudes avec "Shifting Through the Lens" sur "I.E.D", ou "Komm, Stirbt Mit Mir" qui rappellera à bien des égards "Schicksal" sur "Civilization". Un magnifique tour de passe-passe transforme le "Future Fail" avec Jean-Luc de Meyer sur "Artificial Soldier" en un "Barbarians" peut-être ralenti, mais à la puissance de frappe décuplée. Avec un nouveau Noise Unit également dans la course, on se dit que l'on va réussir à tenir bon en 2021.

Clan of Xymox
"Spider on the Wall"

"Spider on the Wall"
DATES | Sorti le 24 juillet 2020 | Publié le lundi 2 novembre 2020
POURQUOI | Clan of Xymox
ET ALORS | Et si l'on organisait un jeu ? Un grand blind test ? Où l'on tenterait de trouver le titre, l’année de sortie, et le nom de l’album sur lequel figure la chanson ? Mais l'originalité serait de s'intéresser exclusivement aux 200 chansons que Clan of Xymox a sorties depuis 1983. Et ce qui serait drôle, ce serait d’y jouer avec le chanteur et fondateur du groupe, Ronny Morrings lui-même. Ronny ? Ça te dit quelque-chose ? Tu en penses quoi ? "Michelle" ? Ok. "Louise" ? Très bien. "A Day" ? Bravo. "Stranger" ? Facile. "Muscoviet Mosquito" ? "This World", parfait. Ha. Mais celui là. Ceux-là ? Tous ceux-là ? Non ? Tu ne vois pas ? Nous non plus... Depuis les deux premiers albums du groupe, magnifiques, historiques (en occultant l’incartade du début des années 90 avec deux ou trois disques totalement incongrus à la sauce mancunienne), la musique de Clan of Xymox n’est depuis qu’un bloc, un monolithe, gigantesque et sans aucune aspérité. Seuls quelques clichés sortis d’un champs lexical très limité font parfois la différence, ici ce sera "She", "Lovers" ou "I Don't Like Myself", mais "Spider on the Wall" ne restera qu’un disque de plus du groupe, ni meilleur ni moins bon qu’un des seize précédents.

DILK
"Hardship"

"Hardship"
DATES | Sorti le 17 janvier 2020 | Publié le mercredi 22 avril 2020
POURQUOI | Pochette
ET ALORS | Le démarrage du disque est assez étrange… On pense immédiatement à DAF, Suicide ou à Absolute Body Control tant la matière est sèche, la production minimaliste et la façon de chanter typée, mais le second titre brouille immédiatement les pistes en s’enrichissant de sonorités moins âpres et en laissant la part belle à une guitare qui donne au son une nouvelle orientation. Au troisième titre, la voix se veut plus maniérée, et c’est un synthé entêtant qui l’accompagne, donnant alors une nouvelle épaisseur à cette matière protéiforme que l’on essaye de s’approprier depuis le début sans jusque-là y parvenir vraiment. À partir de l’excellent "Graveyard Orbit", les choix vocaux et la boîte à rythme omniprésente donnent une nouvelle noirceur à l’ensemble et nous renvoient à l’univers typique de formations comme Cold Cave ou She Wants Revenge. Mais que l’on ne s’y méprenne pas, ce qui caractérise DILK, c’est cette évolution tout en étonnement, et non ce qui, si l’on était inattentif, pourrait être pris pour du tâtonnement. Il y a au final suffisamment d’éléments et de repères pour donner envie de revenir sur ce disque que l’on parvient à s’approprier sans trop de difficulté, et avec un peu plus de plaisir à chaque nouvelle écoute.

2Kilos &More
"Exempt"

"Exempt"
DATES | Sorti le 12 février 2020 | Publié le lundi 23 mars 2020
ET ALORS | C’est éclatés sur la pochette de leur déjà cinquième album studio qu’apparaissent Séverine Krouch et Hugues Villette : nous étions habitués à les voir de dos ou grimpés dans les arbres, cette fois il sont tout simplement démembrés ! À la première les guitares, au second les parties rythmiques, la composante électronique est quant à elle partagée afin de cimenter des compétences mixtes et complémentaires à l’origine de cet unique subtil dosage d’electronica et de post-rock instrumental que l’on retrouve du début à la fin d’"Exempt". Le duo français reçoit bien entendu une fois de plus la visite de l’ami poète américain Black Sifichi qui en profite pour commencer par s’allumer une cigarette en trois tours de molette de briquet. Il y a toujours cette économie dans la forme, celle qui donne aux compositions de 2Kilos &More leur aspect de matériau très brut et leur confère une part d’authenticité, lesquelles apparaissent dès lors à l’opposé des flamboyances de Meta Meat, l’autre duo que Hugues forme avec Phil Von. Et si aujourd’hui trois labels de qualité sont impliqués pour la sortie du CD, du LP et la diffusion de la version digitale, c’est que cette fois c’est la bonne, on vous le garantit.

Say Hi
"Diamonds & Donuts"

"Diamonds & Donuts"
DATES | Sorti le 7 février 2020 | Publié le lundi 24 février 2020
ET ALORS | Eric Elbogen, alias Say Hi est un américain sympathique et plein d'humour, qui fait tout tout seul, synthés (beaucoup), guitare (un peu) et chant (forcément), mais aussi packaging et vidéos. L'homme est discret, mais ça fait pourtant bientôt vingt ans qu'il roule sa bosse : il vient juste de sortir son onzième album, rien que ça ! Reste que toute la sympathie du monde ne lui a pas permis de ne sortir que des chefs d'oeuvres. "Bleeders Digest", en 2015, en était un, enfin disons un chouette disque que l’on adorait écouter pour ses pop-songs à la douce mélancolie, souvent dansantes, un peu frappadingues, et surtout fort plaisantes. L'album suivant était un peu plus décevant, trop mollasson. On était alors un peu dans l'expectative avec ce nouveau "Diamonds & Donuts" annoncé. Celui-ci est plutôt une bonne surprise, avec quelques excellents morceaux (vraiment !), hélas parfois un peu gâchés par des titres moins remuants et un peu plombants. Reste un bon disque, comme d'habitude, que l'on ne rechignera jamais à écouter et qui mérite que l'on s'y attarde.

Mimetic
"RVSTD1:1998-2019"

"RVSTD1:1998-2019"
DATES | Sorti le 27 juin 2019 | Publié le lundi 15 juillet 2019
ET ALORS | Personne ne sait faire groover un rythme électronique aussi subtilement que Jérôme Soudan. Et cela fait déjà 21 ans que l'ancien batteur de Von Magnet et d’Art Zoyd le fait magistralement sur chaque album ou maxi de son projet solo dont le nom change à chaque fois, sous presque autant d'incarnations que de disques et d'années d'activité : Mimetic Desire, Mimetic Fake, Mimetic Data, Mimetic Field et bien d'autres. 21 années que retrace cette anthologie en 21 titres et autant de leçons de beats précis et cependant suffisamment amples pour les laisser respirer et y intercaler des motifs secondaires inventifs. Il n'y a qu'à écouter "My Language" pour se faire une idée.
Non, vraiment personne ne sait faire groover un rythme électronique avec autant de finesse que Jérôme Soudan, et l'on souhaite que cela dure encore longtemps, au moins jusqu'à la sortie d'un "RVSTD2:2019-20XX".

ASC
"The Outer Limits"

"The Outer Limits"
DATES | Sorti le 30 novembre 2018 | Publié le mardi 8 janvier 2019
ET ALORS | James Clements, qui officie derrière ASC et qui produit des titres au kilomètre -il s'agit ici de son sixième disque cette année-, a clairement la tête dans les étoiles et nous y entraîne sans retenue à travers la plupart de ses disques composés à San Diego où il réside depuis des années. D'apparence tranquille, "The Outer Limits" ne propose pas de course jusqu'aux confins de notre système solaire, mais révèle des changements de rythmes au coeur même des quatre longs titres qui le composent. Nourri à la fois à l'ambient scintillante et à la soft techno, le mélange inédit fonctionne parfaitement sous la forme d'une electronica tout aussi puissante que rêveuse : quel son, quelle profondeur, quelle largeur de spectre !

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